La Presse locale, celle qui ne canarde pas par peur de trop mouiller ses plumes mais a au moins le mérite d’exister, annonce dans un article (réservé aux abonnés) la « grosse mue en vue au Palais Beaumont ». Le Canard connaissait la mue des serpents, qu’ils soient ou non à sonnettes d’alarme, mais là, c’est carrément le tocsin des grosses cloches qui battent de l’aile, les trompettes de Jéricho qui font trembler les habitants de la ville royale : le Maire a lancé un appel d’offres pour la création d’un auditorium de 1000 à 1200 places dans le Palais Beaumont, bâtiment phare, avec le château d’Henri IV, de l’élégance et de la splendeur de la cité.
Ces travaux auraient pour but de conforter l’OPPB (Orchestre Pau Pays de Béarn) dans sa dimension nationale, voire mondiale, tant le souffle qu’il porte est semblable à une nova (En astronomie, une nova est une étoile qui devient très brutalement extrêmement brillante, avec une grande augmentation de son éclat, qui peut être de l’ordre de 10 magnitudes. Cette vive luminosité ne dure que quelques jours, et l’étoile reprend ensuite progressivement son éclat initial. ). Pour ce faire, une salle, ou plutôt un auditorium digne de ce nom, s’avère nécessaire et ce, pas n’importe où : il faut un bâtiment prestigieux (construit en 1848) : le Palais Beaumont. Si celui-ci a été remodelé et transformé dans les années 2000, il semble aujourd’hui qu’il manque encore d’un certain panache, tel celui du cheval blanc d’Henri IV lors de la bataille d’Ivry, en 1590. L’actuel maire a bien compris la gageure, comme tout bon béarnais qui se respecte ( Moi d’abord et les autres on s’en moque pourvu qu’ils raquent).
Toujours selon la Presse locale, l’OPPB, c’est « 25 concerts par an, pour 13000 spectateurs », soit une moyenne de 520 spectateurs par concert, si l’on s’en tient au lieu même (le Palais Beaumont, cité par le journal), ce qui n’est pas entièrement le cas (théâtre Saint Louis, église Saint Jacques, etc pour des prestations plus intimes). Les concerts du Nouvel An au Zénith, ceux donnés dans différents quartiers de la ville ou à la campagne donnent un chiffre bien plus attrayant, et qui est amplement mérité. Car il y a d’excellents musiciens et une pédagogie (El Camino, orchestre d’enfants sponsorisé par des entreprises-mécénat O’Camino-) qui créent un véritable enthousiasme de la part des auditeurs. Là n’est pas le problème. La qualité et le nombre des abonnés (2167) en est la preuve indéniable. Rien à redire non plus sur Fayçal Karoui et Frédéric Morando, ils font du bon boulot.
Mais cela ne suffit pas aux yeux de François Bayrou, aimable mélomane, notre anti-Afflelou local qui nous promet une prothèse auditive pour le prix de deux, ayant déjà mis en route le projet du Foirail (mai 2015 Pau.fr) avec une salle de spectacles (760 places) et trois salles de cinéma (260 et 90×2 places), à comparer avec l’article de La République de mars 2018 (500 places, et 300, 120 et 80 pour les trois cinoches). De quoi instaurer la stéréo dans les oreilles des palois, laissant le Zénith au vulgum pecus, avec des spectacles ringards et des tournées de troupes cent fois revisitées (Holliday on ice, les ballets russes etc).
Serait-ce la maladie génétique des béarnais, la jalousie, qui fait que le maire de la cité royale, catholique pratiquant, ne supporte pas qu’une entité protestante (vis-à-vis de laquelle le Canard, athée par nature, reste très dubitatif) de Lons ait construit (sans aide étatique ou locale) un auditorium de 1200 places dans les années 2010 ? (cf Le Phare)
Mais revenons à l’article de Presse : « il s’agira de concevoir un espace très ouvert, qui soit en capacité d’accueillir des projets multiples (conférences, concerts, danse, opéra, théâtre, studio de travail, salle de répétition, résidence d’artistes), précise l’appel d’offre. » (La République, sans les mises en gras). Est-ce à dire que la ville n’est pas assez pourvue en ces matières ?
Une salle de spectacle récemment créée à Jurançon, une existante à Bizanos, trois salles de cinéma et une de spectacle en préparation à Billère, sans parler des lieux déjà existants, divers et variés, sur la ville (ENM, théâtre Saragosse) et l’agglomération…
Comme le fait remarquer en fin d’article le journal : « déjà dépassé ? » , il y a vraiment de quoi se le demander ! Un conseil aux palois : cousez vos poches, bouchez-vous les oreilles, ça va Pau de balles siffler ! Trompettes de la Renommée…
AK
02 05 2018
Le Canard à Plumes 