Précédemment : épisode 2
Arnold trouva rapidement le bureau. Il frappa et entra à l’invitation de l’occupant des lieux, qu’il supposa être le dénommé Alexandre. Celui-ci semblait fort affable, et après de rapides présentations il fit assoir Arnold et entra directement dans le vif du sujet.
– « J’ai parcouru le dossier que vous m’avez envoyé, vous voulez donc créer un nouveau Groupe Social ? »
– « Tout à fait : ce serait les Chaussettes Dépareillées. Nous sommes nombreux je pense à ne nous reconnaître dans aucun des Groupes existants, et même à ne pas savoir exactement ce que nous voulons : le fait d’avoir des chaussettes dépareillées symboliserait parfaitement notre indécision »
– « Je vois… Vos arguments se tiennent. Toutefois je ne vous cache pas que votre requête a peu de chances d’être acceptée cette fois encore. Car vous n’êtes pas à votre coup d’essai je crois savoir ? Vous aviez proposé l’année dernière la création des Slips Violets, c’est bien cela ?
– « Oui, c’est exact. C’était pour que les Royalistes qui n’osent pas s’affirmer comme tels ne soient plus isolés. J’admets que j’ai proposé cela sans sans véritable motivation, je ne suis même pas Royaliste, je voulais juste voir ce que cela faisait de l’être. »
– « Quoi qu’il en soit, cela avait été refusé, la Commission du Rond-Point de l’Etoile avait jugé que le caractère intime du Slip Violet était propice à des tentations complotistes. Notez que d’autres propositions basées sur des sous-vêtements ont été repoussées pour la même raison.»
– « J’y ai pensé : il suffit de porter un pantalon un peu court pour que les Chaussettes Dépareillées se voient. »
– « Vous savez très bien qu’on ne peut pas associer deux signes vestimentaires. L’autre fois vous vouliez que les Slips Violets ne portent que des pantalons taille basse, mais comment auraient fait les Royalistes qui n’aiment pas les pantalons taille basse ? »
Arnold commençait à se renfrogner. Mais quel manque d’ouverture d’esprit chez ces Salopette Bleue ! C’était toujours pareil avec eux. La Salopette reprit :
– « Je crois que ce qui ne va pas avec vous, les Sans Titres, c’est que vous refusez de vous intégrer. Pourtant nous avons plein de Groupes Sociaux déjà existants qui vous conviendraient très bien, j’en suis certain. Je ne dis pas les Costards-Cravates Noirs, bien sûr… Encore que si vous me demandez mon avis, je trouve que nous les traitons tout à fait décemment : chacun dispose d’un abri couvert sur le trottoir pour faire la manche et pour dormir, ce qui est un progrès par rapport aux SDF de l’ancienne république, vous ne trouvez pas ? »
Arnold se demandait quoi répondre, mais l’autre ne lui en laissa pas le temps.
– « D’ailleurs saviez-vous que Benjamin Griveau était installé sur le trottoir de ma rue ? Les enfants qui passent se moquent de lui en lui demandant s’il veut une clope ou du diesel, mais ce n’est pas méchant… Bon, où en étions-nous ? Ah oui… Donc à part les Costards-Cravates Noirs vous avez quand même le choix : les Marcel Blancs-Cassés par exemple ! Cela ne vous dirait pas de menacer le pays de blocage tout en faisant des barcecues sur les aires d’autoroutes ?»
La suite : épisode 4
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