Quand l’ours est tombé de la falaise trois cents moutons applaudirent
Quand mon père est tombé de sa chaise, les moutons digéraient
Quand l’ours a ravagé les ruches les apiculteurs ont gémi,
Mais tout cela n’était qu’un rêve abrupt descendu des montagnes
Identique aux veillées qui poursuivent le feu loin du bois des forêts
Ces lieux où les vieillards dressent soudain l’index
Ont une histoire à raconter qui fait peur aux enfants
Mais moi, me direz-vous, planté sur mes douze ans
Quand l’ours frappa la porte de bois, personne n’osa ouvrir
Pourtant, c’est avéré, un ours ne se présente pas au perron
D’une maison où il n’est pas invité. Parfois, des cris d’enfants
Qui perdent leurs peluches, des parents qui se disputent,
Dans ces cas,il est vrai l’ours entre sans frapper, s’installe dans le canapé
Et raconte aux parents pétrifiés qu’un jour on l’humilia
Alors qu’il chutait d’une falaise haute de trois cents moutons.
Les parents lui demandent : thé ou café ? Il répond : un peu de miel
Pour colmater mes plaies, et il sourit à l’hôtesse, qui rougit.
La stratégie de l’ours est terrible. Après avoir dénoncé l’art
De vivre des moutons, il (si cette affaire peut vous aider)
Vous demandera où sont les cabinets. Au fond à droite,
Juste après la cuisine. Tout cela est d’un affreux registre :
Vous l’attendez dans le salon et lui dévore la tarte aux myrtilles
Les vieillards, près du feu de l’âtre, ramassent leurs branchettes
Chacun remue son passé, mais Parkingson attise les flammes
L’ours met involontairement (monsieur le juge) le feu au foyer
Et tout alors l’accuse : les moutons, la falaise et les histoires
Qui font peur aux enfants quand ils perdent leurs peluches.
A cette histoire pourtant une autre morale, un autre canapé,
Pourrait résoudre ces aléas et les réduire en poudre.
Il suffit pour cela de raconter des histoires aux vieillards, pour qu’ainsi les enfants deviennent grands et redistribuent leurs peluches à la nuit des temps.tri
AK
14 07 2019