La Nouvelle République des Gilets Jaunes (épisode 5)

Précédemment : épisode 4

« Mieux vaut ne pas y penser », se dit-il à voix haute, en partie pour se convaincre lui-même. Mais il eut bien du mal à penser à autre chose le reste de la journée. Y aller était bien sûr risqué, mais n’était-ce pas une occasion rêvée d’enfin faire quelque chose qui sorte de cette routine qui finissait par lui taper sur les nerfs ? De faire un pied de nez en cachette à ces foutus Gilets Jaunes qu’il ne pouvait plus voir en peinture ? Arnold n’avait pas l’âme d’un résistant ou d’un révolutionnaire, il n’avait même jamais fait preuve d’un quelconque engagement dans sa vie. S’il avait voté Macron en 2017 c’était plus par défaut et contre Le Pen que par conviction d’un avenir rayonnant de Start-Up Nation. Il n’était pas un premier de cordée, et ne voyait pas non plus à quel premier cordée il pouvait bien être relié. Il avait plutôt l’impression d’être un Sherpa anonyme dans cette histoire d’alpinistes du CAC 40.

A force d’hésiter il était déjà presque neuf heure. Il avait dîné, fait la vaisselle, sorti la poubelle, caressé le chat, et ne voyait plus bien quoi faire encore pour prolonger son indétermination. Ce soir la télé il y avait un concerto pour klaxons en direct du Rond-Point du Centre de la France, mais il pouvait difficilement se convaincre qu’il avait envie de le regarder. « Et puis zut, j’y vais ! » finit-il par se lancer, soulagé d’avoir pris une décision.

Il quitta son immeuble en jetant un oeil à gauche, à droite, pour vérifier si par hasard on le suivait pas. Il faisait déjà nuit, et le petit froid humide de l’automne le poussa à marcher d’un bon pas pour se réchauffer. Il y avait 3 bons kilomètres jusqu’à l’ancien dépôt des autolibs, mais il ne voulait pas gaspiller son quota de gasoil en prenant sa voiture. Les Gilets Jaunes avaient démantelé les autolibs car dans les Nouveaux Droits des Citoyens chacun devait être propriétaire de sa voiture. Le partage d’un véhicule -surtout électrique- était jugé décadent. Les autolibs avaient parait-il toutes été détruites, mais des rumeurs disaient qu’elles se trouvaient dans des zones périurbaines interdites d’accès, là où vivraient les Gilets Jaunes d’Or, Groupe Social mythique dont l’existence n’avait jamais été démontrée ou confirmée…

Arnold arrivait en vue du dépôt.

à suivre…

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